Alors que la Star Academy poursuit sa route triomphale sur TF1, l’émission tente d’insuffler un vent de modernité à sa formule historique. Une transformation qui interroge, entre bienveillance appuyée et traditions tenaces. Plongée dans les coulisses d’un programme qui cherche à se réinventer sans perdre son âme.
Résumé :
- La Star Academy tente une modernisation tout en conservant ses codes historiques
- L’émission a supprimé les commentaires inappropriés et prône désormais la bienveillance
- Le programme navigue entre valeurs actuelles et format traditionnel
- Les nouvelles promotions montrent une dynamique très différente des anciennes saisons
Trois ans après son grand retour sur TF1, la Star Academy continue de faire vibrer les téléspectateurs avec une recette qui semble immuable. Même château mythique, même jingle emblématique et bien sûr, même Nikos à la présentation. Pourtant, derrière cette apparente continuité, l’émission phare de la première chaîne tente comme elle peut de se mettre au diapason de son époque. Un exercice d’équilibriste qui ne passe pas inaperçu.
Une modernisation en demi-teinte
Les temps changent, et la Star Academy avec eux. Exit les remarques sur la taille des soutiens-gorge des candidates et les commentaires grossophobes qui émaillaient autrefois les quotidiennes. Le programme affiche désormais une volonté claire de promouvoir le respect et la bienveillance, allant même jusqu’à permettre à ses candidates d’ironiser sur la toxicité masculine.
Cette évolution se manifeste également par une ouverture aux problématiques sociétales actuelles. L’intervention de Minima Gesté, personnalité du monde drag victime récente d’attaques haineuses, témoigne de cette volonté d’aborder des sujets LGBT+. Mais cette modernisation ne va pas sans paradoxes. Quelques jours à peine après cette intervention progressiste, c’est Jean-Pascal qui faisait son retour sur le plateau. Un choix qui interroge, l’ancien candidat s’étant fait remarquer l’an dernier par des propos peu amènes sur l’orientation sexuelle de Djebril, candidat de la promotion 2023.
Un format qui reste ancré dans le passé
Si l’émission tente de suivre l’air du temps sur certains aspects, d’autres semblent figés dans le marbre. La dynamique même du programme a radicalement changé. Fini le temps des romances façon Lucie et Grégory ou Jenifer et Jean-Pascal qui faisaient les beaux jours des quotidiennes. Les nouvelles promotions apparaissent extraordinairement lisses, sans véritables tensions ni rapprochements.
Le répertoire musical lui-même témoigne de cet ancrage dans le passé. De prime en prime, les candidats enchaînent les classiques de Sardou, Balavoine ou Renaud, des artistes souvent méconnus de la jeune génération. Une programmation qui s’explique par la volonté de toucher toutes les générations de téléspectateurs, comme le prouve l’alternance avec des artistes plus contemporains comme Clara Luciani ou Julien Doré. Cette approche contraste fortement avec celle d’Operacion Triunfo, l’équivalent espagnol du programme, qui n’hésite pas à faire interpréter du reggaeton à ses candidats.
La ligne éditoriale de TF1 explique en partie cette prudence dans l’évolution. La Star Academy est devenue une véritable marque pour la chaîne, au même titre que Koh-Lanta. Difficile dans ces conditions de bouleverser totalement la formule, même si quelques tentatives de modernisation percent ici et là. L’hymne de cette année, un titre récent, marque ainsi une rupture avec la tradition des classiques de la variété française.
Un équilibre fragile entre héritage et renouveau
La Star Academy version 2024 se retrouve donc dans une position délicate, coincée entre son désir de modernité et son ADN profondément traditionnel. Cette tension permanente entre l’ancien et le nouveau monde n’est d’ailleurs pas sans rappeler les défis auxquels font face de nombreuses institutions culturelles françaises.
Le programme a certes évolué sur certains aspects, notamment en termes de valeurs et de représentation. L’introduction de sujets de société actuels et l’abandon de certaines pratiques datées témoignent d’une réelle volonté d’adaptation. Mais cette modernisation semble parfois superficielle, comme si l’émission marchait sur des œufs, craignant de bousculer une formule qui a fait ses preuves.
Cette prudence s’explique peut-être par la particularité du programme : contrairement à d’autres téléréalités, la Star Academy s’est toujours positionnée comme une école du spectacle plutôt qu’un simple divertissement. Son public, multigénérationnel, attend probablement cette forme de continuité rassurante. Reste à savoir si cette position médiane, entre tradition et modernité, suffira à séduire les nouvelles générations sur le long terme. Car si la nostalgie a indéniablement participé au succès du retour de l’émission, elle ne saurait à elle seule garantir sa pérennité dans le paysage télévisuel français.