Découvrez comment les célébrités et les marques de mode transforment vos angoisses en tendance fashion ! Des t-shirts qui hurlent vos troubles et des sweats qui susurrent vos thérapies : plongez dans le phénomène qui fait exploser les ventes et les consciences !
Résumé :
- Les slogans sur la santé mentale envahissent nos vêtements, de Primark à Stella McCartney.
- Des célébrités comme Selena Gomez et Harry Styles brisent le tabou en parlant ouvertement de leurs troubles.
- En France, 13 millions de personnes sont touchées par des problèmes de santé mentale.
- Le « mental wear » devient la nouvelle tendance mode, entre engagement et opportunisme.
- L’industrie de la mode fait face à ses propres démons en matière de santé mentale.
« Soyez gentil avec votre esprit », « Mental health is my priority », « This Barbie Takes Prozac »… Non, ce ne sont pas les dernières répliques d’un film sur la dépression, mais bien les slogans que vous pourriez arborer sur votre prochain t-shirt préféré ! La santé mentale, autrefois sujet tabou, s’affiche désormais fièrement sur nos poitrines et dans nos dressings. Mais derrière cette tendance fashion se cache une question brûlante : sommes-nous face à une véritable prise de conscience ou à un simple coup marketing ?
Une tendance née d’une évolution sociétale
Qui aurait cru qu’un jour, nos angoisses et nos thérapies deviendraient aussi tendance qu’un it-bag ? Et pourtant, c’est bien ce qui se passe en ce moment dans le monde de la mode. Des grandes enseignes comme Primark aux labels les plus confidentiels, tous semblent avoir adopté la santé mentale comme nouveau terrain de jeu stylistique.
Mais ne vous y trompez pas, cette tendance ne sort pas de nulle part. Elle est le fruit d’une évolution sociétale profonde, portée par les icônes de la Gen Z. Selena Gomez, Timothée Chalamet, Zendaya, Bella Hadid, Harry Styles… La liste des célébrités qui se confient sans tabou sur leurs problèmes de santé mentale s’allonge de jour en jour. Ces stars, autrefois perçues comme intouchables, partagent publiquement leurs luttes contre l’anxiété, la dépression ou les troubles bipolaires.
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Un filon récupéré par l’industrie de la mode
Face à ce déferlement de confidences, l’industrie de la mode a flairé le bon filon. Comme l’explique le Dr Jean-Victor Blanc, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine et cofondateur du festival Pop & Psy : « L’industrie de la mode finit par se dire qu’il se passe quelque chose… Et décide donc d’agir en récupérant les pathologies psychiques au service du profit, comme elle l’a déjà fait auparavant pour la cause féministe. »
Les chiffres qui interpellent
Mais au-delà de la tendance, les chiffres sont là pour nous rappeler l’ampleur du problème. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), près d’un Français sur cinq est touché par la maladie mentale ou des troubles psychiques. Cela représente pas moins de 13 millions de personnes dans l’Hexagone. Plus alarmant encore, le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-35 ans.
Ces statistiques glaçantes trouvent un écho sur les réseaux sociaux, où la santé mentale est devenue un sujet de conversation quotidien. Sur TikTok, le hashtag #MentalHealth cumule plus de 109 milliards de vues, tandis que #SelfCare en totalise 50 milliards. En France, #SanteMentale compte déjà plus de 724 millions de vues. Des chiffres qui témoignent de l’urgence de la situation.
L’évolution de la perception de la santé mentale
Un changement de paradigme depuis les années 2000
Comment en sommes-nous arrivés là ? Il faut remonter aux années 2000 pour comprendre ce changement. C’est à cette époque que Britney Spears, icône pop par excellence, a commencé à faire la une des tabloïds pour ses problèmes de santé mentale. Un tournant dans la manière dont les médias et le public percevaient ces troubles.
Depuis, les films et séries offrent une représentation plus juste et nuancée des problématiques de santé mentale. « Des productions comme Happiness Therapy, 13 Reasons Why, Euphoria ou Normal People jouent un rôle important dans la lutte contre les préjugés », souligne le Dr Blanc.
La crise du Covid et la déstigmatisation
La crise du Covid a également contribué à déstigmatiser le sujet. Confinements, isolement, peur de la maladie… La pandémie a mis en lumière l’importance de prendre soin de sa santé mentale. Même le ministère de la Santé et de la Prévention l’a reconnu dans un rapport publié en mars 2023 : « Depuis la crise Covid, la santé mentale est un sujet moins tabou. »
Le « mental wear » : engagement ou opportunisme ?
Des marques qui s’engagent ou surfent sur la tendance
C’est dans ce contexte que la mode s’est emparée du sujet, donnant naissance à ce que certains appellent déjà le « mental wear ». Mais attention au « mental washing » ! Si l’engagement n’est pas authentique, la jeune génération de consommateurs n’hésite pas à boycotter.
Certaines marques semblent avoir compris l’enjeu et s’impliquent concrètement. Stella McCartney, par exemple, a récemment dévoilé une édition limitée de son sac Falabella, ornée d’un message de la poète Cleo Wade : « The ride is long but it leads you home. » Cette initiative s’inscrit dans une campagne visant à mettre en lumière le potentiel thérapeutique des chevaux pour la santé mentale des jeunes.
Une nouvelle approche des boutiques
Cette tendance se reflète même dans l’aménagement des boutiques. Marie Dupin, directrice business mode et lifestyle chez NellyRodi, explique : « Ces nouveaux magasins incarnent plus des safe places (lieux sécurisants) que des sale places (lieux de vente). » L’exemple le plus frappant ? Le nouvel espace Max Mara, entièrement recouvert de peluche camel, conçu comme un cocon rassurant.
Les défis persistants dans l’industrie de la mode
Romantisation des troubles mentaux dans la mode
J’ai encore un sweat avec son slogan mdr. Ah ça me rajeunit pas tout ça. La belle époque. pic.twitter.com/bK4TYAuBay
— GeekXIIIアンディ (@XIII_AP) July 19, 2022
Malgré ces avancées, l’industrie de la mode doit encore balayer devant sa porte. Les problèmes de santé mentale y sont trop souvent romantisés et associés à la créativité. « C’est un vrai sujet dans le milieu », confirme le Dr Blanc. « Notamment du côté des étudiants en mode, qui imaginent encore aujourd’hui qu’il faut aller très mal pour être un bon créateur. Le mythe du génie créatif torturé est toujours bien trop présent. »
Vers des actions concrètes ?
Un paradoxe qui interroge : comment une industrie qui prétend sensibiliser à la santé mentale peut-elle continuer à entretenir des mythes aussi dangereux en son sein ? C’est tout l’enjeu des années à venir : transformer ces slogans accrocheurs en véritables actions concrètes, aussi bien pour les consommateurs que pour les acteurs du secteur.