Vous pensiez pouvoir filmer tranquillement votre artiste préféré en concert ? Détrompez-vous ! Cette habitude, devenue quasiment automatique pour la plupart des spectateurs, s’avère être totalement interdite par la loi. Une révélation qui risque de bousculer vos prochaines sorties musicales.
Résumé :
- La moitié des Français assiste à au moins un concert par an
- Filmer un artiste en concert sans son accord est illégal
- 70% des moins de 35 ans partagent des contenus de concert sur les réseaux sociaux
- Cette pratique est encadrée par le Code de la propriété intellectuelle
Alors que les concerts font plus que jamais partie de notre quotidien, avec près d’un Français sur deux qui s’y rend chaque année, nos habitudes ont considérablement évolué. Exit l’époque où l’on se contentait de profiter du moment présent : aujourd’hui, le smartphone est devenu le compagnon indispensable de toute sortie musicale. Pourtant, cette pratique si répandue cache une réalité juridique méconnue qui pourrait bien vous surprendre.
La réalité surprenante des concerts en 2024
Le paysage des concerts a radicalement changé ces dernières années. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon le baromètre 2024 de l’institut Gece, 36% des jeunes de moins de 30 ans assistent à plusieurs concerts dans l’année. Une fréquentation importante qui s’accompagne d’une autre statistique révélatrice : ces mêmes jeunes passent en moyenne plus de 7 heures par jour sur leur smartphone.
Cette addiction au téléphone se reflète directement dans les salles de concert. L’étude Ipsos et American Express révèle un chiffre stupéfiant : 70% des moins de 35 ans participant à un concert partagent des vidéos et photos sur les réseaux sociaux. Une pratique devenue tellement banale qu’elle semble désormais faire partie intégrante de l’expérience concert.
Une pratique commune mais illégale
Ce que beaucoup ignorent, c’est que cette habitude si répandue est en réalité totalement interdite. Comme le rappelle un récent reportage de France Inter, le Code de la propriété intellectuelle est très clair sur ce point : filmer une représentation publique sans le consentement de l’artiste est formellement interdit.
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La situation est plus complexe qu’il n’y paraît, car elle fait intervenir deux types de droits distincts. D’un côté, le droit à l’image, inscrit dans l’article 9 du Code civil, permet à chacun d’autoriser ou d’interdire la reproduction de son image. De l’autre, les droits voisins du droit d’auteur, définis dans le Code de la propriété intellectuelle, protègent spécifiquement l’interprétation d’une œuvre par un artiste.
Si cette interdiction est particulièrement stricte dans certains spectacles vivants comme le théâtre ou la danse, où les rappels à l’ordre sont fréquents, elle est paradoxalement peu appliquée dans le monde de la musique. La raison ? Ces captations amateur peuvent parfois servir la promotion des artistes sur les réseaux sociaux.
Les artistes face à cette nouvelle réalité
Cette situation divise profondément le monde artistique. Certains, comme Bob Sinclar, ne cachent pas leur agacement. Le célèbre DJ s’est récemment exprimé sur France Inter, déplorant un public « amorphe » et « anesthésié » : « Les gens sont anesthésiés […], je ne sais pas ce qu’ils attendent », confie-t-il, pointant du doigt cette déconnexion paradoxale où les spectateurs, pensant être « doublement présents » à travers leur écran, finissent par n’être véritablement ni dans l’instant, ni dans leur captation.
Face à ce phénomène, les réactions des artistes varient considérablement. Certains ont opté pour des mesures radicales, imposant aux spectateurs de laisser leur smartphone dans une pochette fermée et sécurisée à l’entrée de la salle. Une solution drastique mais qui garantit une immersion totale dans le spectacle.
À l’opposé, une nouvelle génération d’artistes a choisi d’embrasser cette tendance. Des personnalités comme Angèle, Youssoupha, Rosalia ou encore Radiohead ont intégré cette pratique à leurs performances, créant des moments spécialement conçus pour être filmés et partagés. Entre ces deux extrêmes, on trouve des approches plus originales, à l’image de Billie Eilish qui propose parfois des séances de méditation géante lors de ses concerts, invitant son public à se reconnecter avec l’instant présent.
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