Un collectif représentant les travailleurs indépendants des festivals de cinéma appelle à une grève pendant le Festival de Cannes la semaine prochaine, pour protester contre des conditions de travail précaires.
Un collectif représentant les travailleurs indépendants des festivals de cinéma en France a lancé un appel à la grève pendant le « Festival de Cannes« , qui commence lundi 14 mai. Le collectif, appelé sous les écrans, la dèche, a déclaré que la grève n’avait pas pour but de fermer le festival ou d’endommager les films présentés en avant-première à Cannes, mais plutôt de « provoquer » les débats.
Il s’agit presque d’une première. En 76 ans d’existence, le plus grand festival de cinéma du monde n’a été touché qu’une seule fois par une action sociale. En 1968, la 21e édition du festival a été écourtée en raison des débordements des manifestations de mai 68, qui se sont déroulées dans toute la France, avec des manifestants célèbres comme Jean-Luc Godard, François Truffaut et Claude Lelouche. Cette fois, ce sont les travailleurs de l’ombre qui mènent l’action.
Les intermittents en colère dénoncent la précarité de leur conditions
Selon le collectif, l’objectif de cette action d’envergure est de sensibiliser à l’instabilité croissante des travailleurs de l’industrie cinématographique française et d’exiger des protections du travail pour les freelances de l’industrie. Parmi leurs revendications, ils demandent à tous les employeurs de festivals de cinéma d’adhérer à une convention collective qui permette aux entrepreneurs de bénéficier du statut spécial des intermittents du spectacle en France.
À lire aussi : Bruno Le Maire : vers une transition électrique de l’automobile en France !
La France dispose d’un système unique qui permet aux travailleurs indépendants du secteur du spectacle de percevoir des allocations pendant leurs périodes de chômage, à condition d’avoir travaillé un certain nombre d’heures au cours de l’année. Mais le gouvernement français a peu à peu rogné sur ces prestations, selon les travailleurs, et les organisateurs de festivals de cinéma n’y ont souvent pas droit en raison de la nature des entreprises pour lesquelles ils travaillent.
« Ces réformes plongent les travailleurs du festival dans une telle précarité que la majorité d’entre nous devra abandonner son travail, mettant ainsi en péril les événements auxquels nous participons », ont déclaré les travailleurs dans un communiqué.
À lire aussi : La Flamme olympique à Marseille : Tony Estanguet célèbre l’arrivée imminente des JO Paris 2024
Les organisateurs de Cannes répondent timidement et tempèrent
Le collectif affirme que les négociations avec les employeurs et les institutions cinématographiques du pays sont dans l’impasse.
« Nos avertissements et nos demandes ont été accueillis avec une considération polie jusqu’à présent, mais aucune mesure concrète n’a été proposée par le CNC (Centre national du cinéma) ou le ministère de la Culture », peut-on lire dans la déclaration du groupe.
Ce mardi, les organisateurs du festival du film ont publié une déclaration commune encourageant toutes les parties à « se réunir autour de la table des négociations » pour trouver une solution et éviter une grève. Le communiqué, signé par le Festival de Cannes, la « Quinzaine des réalisateurs« , la « Semaine de la Critique » et l' »ACID« , indique que les organisateurs sont « conscients des difficultés rencontrées par certains de leurs collaborateurs », qui sont « affectés par la réforme du régime français d’assurance chômage ». Ils ont ajouté qu’ils « espèrent que des solutions seront trouvées et sont prêts à mettre en place des conditions de dialogue durables pour les soutenir ».
À lire aussi : Voici l’appartement le plus cher au mètre carré de Paris
🎞️ Un collectif de travailleurs du cinéma appelle à une grève "de tout.e.s les salarié.e.s du Festival de Cannes et des sections parallèles" visant à les "perturber", à une semaine de l'ouverture du plus grand événement du 7e art #AFP 1/2 pic.twitter.com/5TFKumvklf
— Agence France-Presse (@afpfr) May 6, 2024